CINEMA par Christian GREGOIRE

Publié le par Le Syndicat des journalistes et écrivains

GRETA de Neil Jordan

Dans l‘immensité de New York, Greta est très seule. Elle essaie de se dissimuler pour cacher ce qu’elle est vraiment. Car l’isolement ne réussit pas à cette veuve hongroise qui tente d’y échapper en attirant chez elle des jeunes filles dont elle veut devenir la mère de substitution. Frances, elle, est serveuse, et n’arrive justement pas à faire le deuil de sa maman disparue : elle va chercher du réconfort auprès de la gentille Greta. Avant de découvrir qu’elle est méchante…
Puisant un terrible sadisme dans la souffrance que la solitude lui inflige, Greta est une femme au double visage, dans un thriller psychologique convaincant.


UN HAVER DE PAIX de Yona Rozenkier

En Israël, trois frères se retrouvent dans le kibboutz de leur enfance  pour les
obsèques de leur père. L’aîné joue le chef de famille volontariste et macho, le cadet, qui avait coupé les ponts avec ses proches est encore traumatisé par son expérience de soldat. Enfin, le benjamin, effectue, lui, son service militaire, et s’apprête, la boule au ventre, à partir faire la guerre au Liban.  On suit ces antihéros dans ce film attachant où l’angoisse et la mort sont constamment présentes mais teintées d’humour absurde. 

 

REVES DE JEUNESSE d’Alain Raoust

Le temps d’un job d’été, une trentenaire est revenue dans le village de son enfance. Ses rêves, Salomé semble les avoir mis au rebut, comme ce qui finit sur son lieu de travail : une déchetterie. Elle y découvre les affaires d’un ami, Mathis, mort en affrontant des CRS sur une ZAD. Les désillusions sont cruelles. Ou cocasses, comme celles de Jessica, candidate dans un jeu de télé-réalité, qui s’est égarée, et se retrouve, elle aussi, à la déchetterie. Mais parmi les trucs et les bidules d’un monde déglingué, Salomé trouve un lapin en feutrine, prêt à réenchanter son errance estivale. S’il faut faire le deuil de Mathis, il est peut-être encore temps de ne pas enterrer avec lui toutes les envies de changer le monde. Dans une France provinciale devenu terrain vague et vaste zone de tri, le réalisateur rallume les feux de l’utopie. Sans banderoles ni programme, il réussit, dans un élan libertaire, à faire renaître le désir d’une aventure collective.

LES PARTICULES de Blaise Harrison

Il dort beaucoup, il a le regard fuyant ou, à l’inverse, scrutateur, marmonne des  trucs bizarres d’une voix traînante. On s’interroge un bon moment sur cet adolescent avant de commencer à comprendre. En fait P.A, de son vrai prénom Pierre-André, sous l’œil original du réalisateur, devient une sorte d’extraterrestre. Aussitôt qu’il apparaît, ce lycéen intrigue par son opacité et son profil de chanteur de rock. Il fait aussi un peu rire, tant il paraît totalement à côté de ses pompes.  Il vit à la frontière franco-suisse, une région où se trouve un laboratoire de recherche nucléaire, l’accélérateur de particules le plus puissant du monde, qui recrée les conditions d’énergie du big bang. Il le visite avec le lycée, et l’on a  l’impression alors que ce lieu produit des ondes que lui seul peut détecter.  L‘hébété PA cacherait-il un superpouvoir ? Ce film baigne dans une atmosphère d’inquiétude engourdie à la limite du fantastique.

Christian GREGOIRE

CINEMA par Christian GREGOIRE

Publié dans N° 362 - 3e Tri 2019

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