COSTUME MILITAIRE

Publié le par Le Syndicat des journalistes et écrivains

CAMOUFLAGE : mise au point

Le Vosgien Louis Guingot (1864-1948) est membre du comité directeur de l’Ecole de Nancy. Peintre, décorateur, il est l’inventeur et le créateur de la tenue « léopard » en 1914.

Après la Grande Guerre il refuse que son fils Henri, né en 1897, épouse Mercédès Stouls, institutrice à Custines (Meurthe-et-Moselle), où ils habitent. Louis Guingot met à la porte Henri. Ils ne se reverront plus. Le mariage a lieu. Henri est embauché par Eugène Corbin, directeur des Magasins Réunis. Pour le 20e anniversaire de 1914, Henri donne une conférence sur le camouflage. Il attribue l’invention à… Corbin. Faut bien « tuer le père ». Toute la presse régionale reprend les propos du fils. L’année suivante, après un article de L’Est Républicain, Louis Guingot écrit quatre pages au directeur du quotidien, le 7 août 1935 : « Cet article est tout ce qu’il y a de plus inexact. 1- Guirand de Scevole n’est pas l’inventeur du Camouflage. 2- Emile Friant n’a jamais fait de Camouflage ». Et Louis Guingot en donne ls preuves. La veste « Léopard » a été réalisée et conçue rue d’Auxonne à Nancy. Le tissus et la façon avaient été offertes par Corbin, mobilisé à Toul. Corbin a présenté les toiles bariolées suivantes au colonel Fetter, à Toul. Devenu trop petit, l’atelier de la rue d’Auxonne est transporté quai Claude le Lorrain (entreprise Levy), rue Français puis sur les hauteurs de Gentilly (bâtiment prêté par le m :aire Gustave Simon). Guingot s’engage pour la durée de la guerre. A Toul il demande une équipe de camoufleurs au colonel Fetter. Ils seront cinq : Corbin, Ronsin, H. Royer, Guirand de Scevola et Guingot. C’est Guirand de Scevola qui va les commander (Louis Guingot n’a pas l’âme d’un chef) mais « il n’a rien inventé et n’est l’inventeur de rien (…). Friant n’a jamais fait de Camouflage ». En revanche Corbin, en commerçant avisé, fournit automobile, essence, local (3, rue Chanzy à Toul) et repas à toute l’équipe. Il vend la toile à peinturlurer à l’Armée. Il est l’intermédiaire entre les autorités militaires et « Guingot de l’équipe » (dessiné par Guirand de Scevola le 6 novembre 1914). La lettre-mise au point de 1935 signée Guingot se termine par cette phrase : « Cette affaire de Camouflage sans Corbin n’aurait pas existé ».

Guingot avait « un modèle déposé pour la fabrication des toiles peintes pour le Camouflage (…) reconnu valable par l’office national de publicité ». Il en est « le seul propriétaire ». Il possédait un caméléon (qu’il fit empailler) dans son atelier de la rue d’Auxonne. D’où d’abord le nom de « veste caméléon » et l’emblème des camoufleurs.

Bref, toute cette histoire de veste « léopard » et de camouflage est partie d’une idée de Louis Guingot qui a pris forme à Nancy il y a un siècle. Tout le reste est littérature.

Marcel CORDIER

Président du Comité Guingot

1964 - Lay-Saint-Christophe (Meurthe-et-Moselle). L. GUINGOT portant un prototype de veste "Léopard" et passe-montagne camouflé ©  Comité L. Guingot, Nancy 54000

1964 - Lay-Saint-Christophe (Meurthe-et-Moselle). L. GUINGOT portant un prototype de veste "Léopard" et passe-montagne camouflé © Comité L. Guingot, Nancy 54000

Publié dans N° 340

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :