PAIX ET CULTURE

La Paix à travers la Culture

« La Culture n’est pas un luxe, c’est une nécessité. » Gao Xingjian

 Pourquoi relier Culture et Paix ? Parce que, de mon propre avis, tout homme de bon sens peut comprendre que la Culture, avec les différents domaines et spécificités qui sont les siens, véhiculent ce qui peut être considéré comme une fraternité de connaissances, de créations, de recherches et d’échanges. Parce qu’il y a une étroite relation entre ces deux mots : une consonance, un concept qui peut faire aboutir les justes relations humaines. Car la Culture est l’ensemble des  connaissances que l’humanité a acquis tout au long de son histoire, par la réflexion et la créativité, par les échanges et les dialogues. La Culture est un ensemble de connaissances systémiques et interdépendantes, où les idées et les créations circulent librement et sont disponibles pour tous. La Culture est donc une vaste université qui refuse les frontières pour coopérer à tous les niveaux. La Culture, qui rassemble les trois grands pôles de la Connaissance : Art, Science et Philosophie, ne se limite à aucun champ de recherche, elle est interdisciplinaire et rejette les préjugés, le sectarisme et l’exclusion.

Ce concept de Paix à travers la Culture, s’il s’étend et se développe parmi l’humanité, permettra des changements majeurs pour le futur, pour les développements de la recherche et de la création. Cette coopération, doit être comprise et initiée pour le Bien Commun et faire lien.

La Culture est ce potentiel de connaissances où puise la pensée, et où les idées scientifiques et philosophiques, les formes et des forces de l’art peuvent émerger dans les divers domaines de l’activité humaine. Mais la Culture doit être Vérité et Beauté, Vérité et Joie, c’est-à-dire véhiculer la juste Connaissance, pour le  progrès et l’évolution de l’humanité.

La Culture est aussi et particulièrement la pierre d’angle de tout peuple, de toute société, de toute nation, car elle exprime la pensée et la vie d’un peuple, d’une société, d’une nation ; parce que la Culture est garante de l’Unité de la vie et de la pensée humaine. La Culture n’est-elle pas cette lumière qui éclaire l’esprit humain depuis l’aube de l’humanité ! Car sans Culture, pas de civilisation. Le monde meilleur, que tout homme et toute femme souhaite voir s’instaurer, s’édifiera sur de justes bases culturelles et spirituelles. Car la base de la Culture a des bases spirituelles, et le sens du sacré détermine son rôle. Le mot sacré doit être ici compris dans le sens de donner du sens à ce que l’on fait et à nos vies. La Culture doit donc être porteuse de sens, et le sacré dont je parle n’a rien à voir avec le domaine religieux mais avec l’Esprit, présent au cœur de chaque être.

La Culture dont je parle, vous le comprendrez, n’a pas cette orientation que certains peuvent lui donner, principalement aujourd’hui, et elle ne se réfère pas aux phénomènes médiatiques où le divertissement et la vulgarité sont trop souvent à l’honneur. Non ! La Culture dont je parle est l’aspect essentiel et véritable de la Connaissance et des valeurs qui s’y rattachent, et dont les êtres humains ont besoin pour élever leur conscience. Cette Connaissance et ces valeurs sont de qualité spirituelle, et elles devraient être reconnues comme telle, source de juste création. La Beauté doit être son expression, pour ainsi exprimer Vérité et Sagesse. Comprendre ici le mot Beauté comme qualité et vibration, qui est à l’opposé de la quantité et du superficiel. Là encore, je ne parle pas de religion, mais de sens, et ce sont des notions philosophiques que nous trouvons dans l’Inde antique ou en ancienne Egypte, par exemple. Ces notions peuvent être comprises comme des objectifs de vies. C’est reconnaître l’Esprit, cette étincelle de vie dont parlent les philosophies antiques.

En parlant de Culture, je parle donc de coopération, d’échange et d’évolution, car les connaissances permettent d’évoluer. La Culture a à voir avec ce qui fait lien, avec ce qui dialogue, et elle n’est aucunement l’apanage de ceux que l’on nomme les « intellectuels ». La Culture est du domaine de l’Etre, non l’avoir. Généralement, chez l’intellectuel, à quelques exceptions bien sûr, c’est l’intellect et le discours (le sophisme) qui dominent, mais ceux qui tendent à une réelle compréhension intérieure, qui s’ouvrent à la spiritualité, l’attitude est différente. Il y a dans leur démarche de la simplicité, non de l’arrogance. Il y a de la vie, non de la froideur. Il y a un comportement naturel et spontané, non une recherche à paraître supérieur. Il y a une vérité, non une prétention ou une affectation.

D’autre part, avec les trois grands pôles de recherches, d’activités et de créations que regroupe la Culture : Art, Science et Philosophie, et les connaissances qui en découlent ne peuvent être considérées comme des divertissements, car elles sont destinées à l’éducation et à l’expansion de la conscience, à former les hommes et les femmes dans le but qu’ils s’interrogent, réfléchissent, pensent et créent, pour évoluer adéquatement. Art, Science et Philosophie sont destinés au progrès de l’intelligence humaine, ils forment l’ensemble des connaissances. Ces connaissances nous permettent aujourd’hui d’avoir une relative conscience de nous même, du monde qui nous entoure immédiatement (la nature) et de notre relation avec l’univers. Dire que la Culture est : un élan vers la Connaissance, s’avère donc parfaitement approprié, et prendre conscience de ce concept, c’est pouvoir se situer, se définir, prendre place dans l’évolution et participer au développement des connaissances acquises. Ces connaissances nous permettent de nous positionner, de choisir, de dialoguer, de donner un sens à sa vie. C’est reconnaître les valeurs humaines, parce que la Culture se place dans ce champ de juste coopération entre les hommes et les peuples non dans la compétition. La Culture montre aussi que les différences qu’il y a entre les peuples sont généralement des coutumes et des usages qui se sont inscrits dans le temps et l’espace. Ces coutumes et usages ont cependant une même origine si nous étudions de près ce qui les caractérise. Il faut donc considérer ces différences comme des éléments de dialogue, d’échange, de rencontre, car les spécificités culturelles des peuples sont l’interdépendance. En fait, si l’on regarde de près les éléments fondateurs de la culture de chaque peuple, on reconnaîtra en eux bien des points communs. Unité dans la diversité.

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Que peuvent signifier les mots Culture et Paix, pour nous, aujourd’hui, quand l’humanité (la société mondiale) est en profond besoin de changement, d’évolution, et quand nous observons tant d’efforts pour que la Culture soit à la portée de tous et que la Paix s’instaure dans chaque nation ? Trop souvent, toutefois, beaucoup confondent Culture et divertissement, et ils oublient que la Paix résultera de l’instauration de justes relations humaines. Mais quelle Culture et quelle Paix ? Le sens profond du mot Culture, comme je l’ai indiqué plus haut, est : un élan vers la Connaissance. Puis-je alors dire que la Culture est ce lien privilégié entre les hommes et qu’elle relie toute créativité. La Culture rassemble, et elle est la force inaltérable de chaque peuple. La Culture a aussi un sens de partage car elle se transmet d’une génération à une autre, d’un endroit à un autre dans le but d’éclairer, de porter la Connaissance. Dans ce sens, la Culture est coopération, motrice pour la Paix, je dirai même synonyme de Paix. Son but est la transformation et la transmutation des consciences.

 Puis-je alors affirmer que la Paix peut s’établir à travers la Culture ? Je l’affirme sans hésitation, car grâce à l’éducation et à l’accès aux connaissances, la Culture portera les hommes vers plus de compréhension mutuelle et effacera les clivages.

D’autre part, pouvons-nous comprendre que la Paix n’est pas l’absence de guerre ou de conflit mais le résultat de l’instauration de justes relations et de justes partages des richesses (argent, techniques, ressources minières et agricoles, etc.). Que ces justes relations et partages s’établissent quand il y a une véritable prise de conscience, quand la réflexion se porte sur les causes d’un conflit et que les protagonistes recherchent intelligemment une solution. La Culture, comme : élan vers la connaissance, n’est-elle pas alors la clef ? Et si nous laissons parler notre Cœur, nous comprendrons la justesse de cela.

A notre époque, ce concept de Paix à travers la Culture devrait trouver un vaste écho à travers le monde, car c’est une conception pour une vie intelligente, une vie de coopération, une vie de lien. C’est aussi le désir intérieur des hommes. C’est l’aspect premier qui doit être considéré comme vital. Cette Paix à travers la Culture doit être la Pierre d’angle de la prochaine civilisation.

Aujourd’hui, il y a une nécessité de profonds changements à tous les niveaux dans la société : éducation, économie, agriculture, industrie, etc. Mais le matérialisme domine, et l’argent est valorisé plus qu’il ne devrait être. Pour répondre à cette domination il y a la spiritualité. Mais nous oublions que la spiritualité doit être agissante, qu’elle doit avoir sa place dans tous les secteurs de l’activité humaine. Un grand nombre d’hommes et de femmes pensent en ce sens, et nous pouvons comprendre que ce sont là des prémices. Puis-je dire, qu’en affirmant la Paix à travers la Culture on parle réellement de spiritualité ? Encore une fois, je ne parle pas de religion qui a montré ses limites avec un dogmatisme borné (et ceci est valable pour toutes les religions), mais de spiritualité qui ne récuse rien et qui se place à l’écoute de l’autre et des diverses expressions des croyances qui peuvent se montrer. Ici, mon propos résonnera certainement chez beaucoup. Car, dans ce sens, s’énoncent des valeurs essentielles qui reposent sur de justes relations, sur la clarté d’intention et du fait que la Culture rapproche les hommes.

Culture et Paix demandent une profonde réflexion sur soi-même, une profonde réflexion sur le sens à donner à nos vies. Les finalités de la Culture sont : transmettre, donner et recevoir, accepter et reconnaître les différences, faire usage des connaissances pour le bien commun, donc  pour l’évolution de l’humanité. La Culture reflète des différences, car chaque peuple, chaque ethnie, chaque civilisation véhicule leurs spécificités. Quand nous étudions l’histoire de l’humanité nous pouvons observer ce que chaque civilisation et chaque peuple nous ont apporté, mais comprendre aussi qu’ils sont redevables à ceux qu’ils ont remplacés.

Un adage oriental dit : « L’énergie suit la pensée. » Demain sera donc ce que nous pensons et créons aujourd’hui.

Didier Du Blé