MARCEL PROUST, sa Petite Madeleine

Publié le par Le Syndicat des journalistes et écrivains

VOUS REPRENDREZ BIEN  un peu de MARCEL PROUST

… ET DE SA PETITE MADELEINE ?

 

A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU

« Quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère voyant que j’’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques ».

« … je portai à mes lèvres une cuillerée de thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée de miettes de gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de cause ».

Marcel  Proust s’interroge sur la notion de plaisir qu’a suscitée en lui l’absorption du thé et de la Petite Madeleine. Le plaisir l’a transformé en un homme différent, grandi, métamorphosé de l’intérieur. La lumière a vaincu l’obscurité de sa vie. Les obstacles sont surmontés par cette soudaine félicité. Proust assiste à une transformation de lui-même. Une attraction inconnue soulève l’auteur pour le hisser jusqu’à des niveaux de conscience élevés.

Puis le souvenir : « Ce goût c’était celui du petit morceau de madeleine… quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. » « …petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel  sous son plissage sévère et dévot… ».

Proust affirme qu’après la mort des êtres et des choses, « … l’odeur et la saveur restent encore longtemps… à porter l’édifice immense du souvenir ».

Il écrivait également que « la meilleure part de notre mémoire est hors de nous, dans un souffle pluvieux, ou dans l’odeur d’une première flambée » (A l’ombre des jeunes filles en fleurs).

Les Petites Madeleines ou pour faire plus court « La Petite Madeleine » [de Proust] sait à présent être une expression adulée des chroniqueurs et des présentateurs de radios et de chaînes de télévision. Selon eux, c’est le graal du ressenti, du souvenir évoqué, transfiguré. Une antenne de radio nationale utilise cette métaphore, lorsqu’elle reçoit  une personnalité du monde de la musique, pour lui proposer de livrer aux auditeurs le souvenir d’un extrait musical qui l’a marquée et la magie du souvenir merveilleux va opérer : « Voici votre première madeleine » ; s’ensuivront deux autres « petites madeleines ».

 

Je vous  propose d’établir une liste de vos petites madeleines, à poser côte à côte avec celles de vos courses ou de vos tâches quotidiennes. Extrayez de votre mémoire les petits plaisirs de tous ordres, les plus ordinaires, les plus sobres comme les plus farfelus. Ramenez en pleine conscience les gestes, les paroles qui ont fait couler en vous une source de bien-être et de contentement ; une lumière vous accapare et vous conduit sous une pluie de sérénité.

La Rédactrice en chef

Publié dans N° 362 - 3e Tri 2019

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