Exposition

Publié le par Le Syndicat des journalistes et écrivains

« Nos voisins oubliés », synagogue Rumbach, Budapest

C’est une histoire exemplaire, comme en a connu, fort heureusement, la période de la Seconde Guerre mondiale. Un jour, Katalin Galligan-Cserépfalvi, d’origine hongroise, tombe sur une courte notice au sujet d’un certain Albert Goering, frère d’Hermann, haut dignitaire nazi. Cet Albert Goering était tout le contraire de son frère : il sauva de nombreux juifs des mains de la Gestapo, principalement en Hongrie. A l’arrivée au pouvoir d’Hitler, Albert Goering s’était exilé à Vienne et avait adopté la nationalité autrichienne. Mais il n’avait pas souhaité changer de nom.

Katalin Galligan-Cserépfalvi a enquêté durant plus de dix ans sur cet homme, effectué des interviews, fait des rencontres. Elle a ainsi réuni une documentation qui indique, sans équivoque, le rôle d’Albert Goering : un rôle humanitaire et totalement désintéressé.

Aujourd’hui, à la synagogue Rumbach de Budapest, l’exposition « Nos voisins oubliés » relate la disparition des juifs de la ville de Pàpa et la relation amicale entre le Dr Làszlo Kovàcs, qui était aussi poète, et Albert Goering.

Nous sommes en 1939, et la funeste idéologie nazie avait commencé ses campagnes racistes et xénophobes. A ce moment-là, le Dr Kovàcs exerçait depuis plusieurs années à Rome, au sein de la communauté hongroise. A 20 kms de capitale italienne, un couple d’allemands résidait à la villa Frascati, dont la femme avait besoin d’une consultation médicale. Le couple fit appel à ce médecin connu, et quelle ne fut pas sa surprise, quand le Dr Kovàcs s’aperçut que le mari était le frère d’Hermann Goering. Le médecin examina la femme, puis il eut une brève conversation avec Albert Goering. Il revint deux jours après, et lors de cette seconde rencontre, Albert Goering lui dit qu’il ne faisait pas de politique, mais il parla avec mépris de son frère, d’Hitler et du régime nazi. Et il eut cette tirade : « Je crache sur Hitler, je crache sur mon frère, je crache sur le régime nazi. » Albert Goering fit ainsi bonne impression, et les deux hommes se retrouvèrent sur de nombreux points.

Albert Goering recevait alors un salaire de Skoda Arms Factory, située en Tchécoslovaquie. Il ouvrit un compte bancaire à Berne, puis il écrivit au Dr Kovàcs pour lui dire qu’il l’autorisait à utiliser l’argent déposé pour assister des réfugiés et les aider à partir. En 1943, quand les Nazis occupèrent l’Italie, Albert Goering rentra à Rome. Au siège de la Gestapo, il apporta un papier disant que le Dr Kovàcs était son médecin personnel et qu’il ne fallait pas l’inquiéter. Disons qu’Albert Goering usa de son nom et du rang de son frère pour agir et porter assistance à de nombreuses personnes. Il sauva ainsi trente- quatre personnes dont le compositeur Franz Lehàr. Une autre fois, le Dr Làszlo Kovàcs lui demanda de mettre en place des aides matérielles pour les Juifs et les autres victimes du nazisme.

Albert Goering mourut en 1966 dans une certaine pauvreté, sans que ses actes de bravoure aient été reconnus. Sera-t-il bientôt reconnu comme « Juste parmi les nations » par Yad Vashem ?

Didier Du Blé

SALON DE LA POESIE au PAYS DE GEORGE SAND

Stands éditeurs - livres et revues de poésie - lectures des poète - Rencontres -

Table ronde - Espace du livre d'artiste - Bouquinistes - Forum des enfants -

Impromptus et cabarets poétiques par les Comédiens de la Caravane des Poètes...

Invitée d'honneur : Michelle Perrot, historienne et spécialiste de l'histoire des femmes.

Samedi 20 et Dimanche 21 septembre 2014, entrée libre, salon de thé, Dégustation

Domaine du Prieuré du Magny - Indre 36400

Publié dans N° 342

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :